mercredi 27 novembre 2013

Conférence IFLA

Le métier de bibliothécaire
25-26 août, 2014
Université de Lyon -
École nationale supérieure des sciences de l'informations et des bibliothèques
Lyon - Villeurbanne, France

Organisateurs: IFLA, Section des livres rares et des manuscrits, Centre Gabriel Naudé (EA 7286 - Enssib)

APPEL A COMMUNICATIONS 
La profession de bibliothécaire a existé depuis les temps anciens et a subi de nombreux changements. Ceux-ci ont été déterminés par l'histoire politique, religieuse, culturelle et intellectuelle des pays et des peuples concernés. Tout au long de son évolution, elle s'est trouvée à la fois en parallèle et en contradiction avec les forces culturelles et politiques dominantes.
Le but de la conférence est de fournir une histoire comparée de la profession. Nous chercherons non seulement à mettre en évidence non seulement l'histoire des pratiques et de leurs motivations, mais aussi à réfléchir sur le plan théorique aux conceptions divergentes que peuvent avoir les bibliothécaires quant à leur double rôle, comme gardiens de la connaissance, et comme intermédiaires facilitant l’accès de celle-ci à un certain nombre de publics spécifiques.
Les propositions peuvent mettre l’accent sur les sujets suivants:

- le développement de la formation bibliothéconomique
- les publications professionnelles
- les réflexions théoriques
- les actions et activités des groupes et des organisations
- le développement organisationnel et institutionnel
- les ruptures et les continuités, qui reflètent la tension entre les attentes des bibliothécaires et celles de leur public
- le rôle de l'IFLA et des associations nationales et internationales
- l’internationalisation de la profession.
Les organisateurs réunissent actuellement des crédits permettant de soutenir financièrement certain participants qui en auraient besoin pour assister à la conférence. Soyez assez aimable pour préciser dans votre demande si vous êtes dans ce cas.
Raphaële Mouren, Steven W. Witt

 
Les résumés de 1000 caractères maximum, accompagnés d’un bref curriculum vitae des auteurs, doivent être déposés sur le site http://histlibr2014.sciencesconf.org 

Pour soumettre une proposition, il suffit de créer un compte (gratuit) sur la gauche de la page d'accueil . La date limite de dépôt est le 30 novembre 2013.
L'inscription à la conférence est gratuite, mais obligatoire.
(Communiqué par Raphaële Mouren, trad. F. Barbier)

 
Cliché: Le Bibliothécaire. "Lire des poètes... Pour cela on n'a besoin que de temps... Mais les cataloguer... Là, il faut du génie".

samedi 23 novembre 2013

Conférences d'histoire du livre

École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre

Lundi 25 novembre 2013
14h-16h
Histoire de la librairie pédagogique au XVIIIe siècle (1).
Trajectoires éditoriales (1) : Robinson Crusoé,
par Madame Emmanuelle Chapron

16h-18h
Introduction à l’histoire des bibliothèques,
par Monsieur Frédéric Barbier
 
Nota: La conférence régulière d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h. (190 avenue de France, 75013 Paris, 1er étage). Le secrétariat de la IVe Section se situe dans les mêmes locaux, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2013-2014. Accès les plus proches (250 m. à pied): Métro: ligne 6 (Nation-Pte Dauphine), station Quai de la Gare. Bus 89, arrêt Quai de la Gare (cette ligne dessert notamment la Gare Montparnasse, puis elle passe rue de Rennes et place du Luxembourg). Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterrand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).

Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).

dimanche 17 novembre 2013

Une bibliothèque archiépiscopale des Lumières

Le colloque de Eger nous donne l’occasion de découvrir la très intéressante bibliothèque archiépiscopale de Kalocsa.
Nous sommes, à Kalocsa, dans la vallée du Danube, un petit peu en amont de Mohacs, qui a vu en 1526 la disparition de la Hongrie indépendante face à l’assaut des Turcs. Kalocsa accueille un évêché depuis Etienne Ier en 1001 (archevêché en 1135). La bibliothèque est d’abord celle de l’école épiscopale, mais plusieurs archevêques possèdent aussi des livres: c’est le cas de Georg Hando, ou encore de Peter Varadi, également chancelier de Mathias Corvin.
On estime la collection de manuscrits et d’imprimés à quelque 300 à 400 volumes au tournant du XVe siècle, que les membres du chapitre essaient de mettre à l’abri alors que les Turcs approchent, mais qui ont pratiquement tous disparu –quelques épaves subsistent pourtant, comme cet exemplaire de Sébastien Brant imprimé à Strasbourg. Le dernier évêque de cette période, Paul III Tomony, est tué à Mohacs, et la ville est détruite par les Turcs en 1529.
Ceux-ci se retirent à la fin du XVIIe siècle, et la reconstruction peut commencer. Deux personnalités exceptionnelles sont à l’origine de la bibliothèque que nous pouvons découvrir aujourd’hui. L’archevêque Adám Patachich (1776-1784) est pleinement un homme des Lumières. Dans son siège précédent de Großwardein (Nagyvárad / Oradea), il avait donné toute son attention au développement des écoles, mais il avait aussi fait de sa résidence un pôle artistique et intellectuel actif (Michael Haydn y séjourne un temps). Il quitte Großwardein en 1776, pour le siège de Kalocsa.
Le prélat est aussi un bibliophile, qui entretien un réseau de correspondants chargés de faire des acquisitions de livres à Graz, à Rome et surtout à Vienne, pour constituer une bibliothèque absolument remarquable. Celle-ci, qui compte quelque 17000 volumes, est incorporée à sa mort dans la bibliothèque de l’archevêché. Il achève en outre le palais archiépiscopal, avec la salle de bibliothèque du 1er étage –une seconde bibliothèque a été aménagée au deuxième niveau. Son successeur, Laszlo Kollonitz, est lui aussi un amateur de livres, qui donne toute son attention à la bibliothèque, devenue, avec ses 40000 volumes, une des plus importantes de Hongrie au début du XIXe siècle. Le bibliothécaire István Katona est un historien et intellectuel de renom.
Aujourd’hui, la bibliothèque possède quelque 130 000 volumes (dont 508 incunables…). Elle est particulièrement significative à la fois par le contenu des volumes, mais aussi par les provenances (avec des exemplaires d’Erasme, de Luther, etc.), par les reliures et autres particularités, par la présence des archives de l’institution, et par les très impressionnantes salles anciennes dans lesquelles l’ensemble se est abrité. Dans la salle couverte d’une voûte double appuyée au centre sur une suite de colonnes trapues, le mobilier est d’origine: il date pour l’essentiel de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, avec ses impressionnantes suites de bibliothèques couvrant toutes les parois disponibles.
La salle est aujourd’hui ouverte à la visite, et présente une intéressante exposition d’histoire du livre à travers un certain nombre d’exemplaires remarquables: manuscrits et incunables, cartes géographiques et atlas (qui représentent une proportion importante du fonds), livres de voyage, americana, etc. Un cabinet accueille une petite chambre, qui servait à l’archevêque pour passer la nuit lorsqu’il voulait travailler dans la bibliothèque. Plusieurs autres pièces sont également occupées par les livres, et l’une d’elle fait découvrir une étonnante collection de tonnelets pour la palinka (eau de vie), la tradition étant que chaque prélat dispose du sien propre pendant son règne…

La Renaissance: la politique, les arts et les lettres

Nous avons déjà à plusieurs reprises traité de l’articulation entre le champ du politique, et celui de l’écriture et des arts. Le colloque «Bodoni», qui vient de se dérouler à Bologne, offre l’opportunité d’illustrer une problématique à laquelle la conjoncture italienne du bas Moyen Âge et des débuts de l’époque moderne fournit un terreau bien évidemment très favorable.
Lorsque, à partir du XIIIe siècle, les catégories socio-politiques traditionnelles tendent à perdre de leur prégnance (notamment la féodalité), différentes expériences se déroulent, qui visent à construire un paradigme historico-politique nouveau. Ce paradigme sera en définitive celui de l’absolutisme princier, lequel entretient des liens très particuliers avec le domaine de l’écrit et du livre. Le prince doit en effet se distinguer du commun pour justifier le statut dérogatoire dont il bénéficie, et l’un des éléments majeurs de cette distinction concerne, certes, le cadre de vie (le château et la vie de cour), mais aussi les arts et les lettres.
Ludovicus Rex
L’évidence de la grandeur du prince justifie son pouvoir: c’est parce qu’il est la figure centrale d’un monde distingué qu’il jouit de son statut privilégié; parce qu’une communauté réunie à son entour, une cour de «grands» et d’administrateurs, d’intellectuels, d’artistes, d’artisans et de serviteurs, le proclame comme tel; parce qu’il déploie et fait déployer une véritable «rhétorique de la gloire». La théorie politique lui permet de déroger au droit naturel et «l’empêche de se réduire à n’être que [ce] qu’il est», à savoir un homme: la célèbre caricature de Louis XIV par ses adversaires protestants ne dit pas autre chose («Ludovicus rex»), tout en renvoyant à un usage très moderne de la publication polémique.
A côté de celui de l’art, le domaine de l’écrit et du livre se trouve désormais en charge d’une fonction politique stratégique: celle-ci se traduit par le rôle du prince en tant que mécène, mais aussi en tant qu’amateur de livres précieux, dont il constituera éventuellement une collection. Dès la première moitié du XIVe siècle, la dynastie des Polenta, seigneurs de Ravenne, accueille aussi bien Dante que Boccace: ce dernier, dans son petit Traité à la gloire de Dante (en même temps la première biographie du poète), fait la louange de la ville et de ses princes, par opposition à Florence, qui avait exilé Dante. La protection accordée aux artistes et écrivains est un élément de la gloire de la cité (ou de la principauté) et de ceux qui la dirigent.
Matthias Corvin
Plus tard, Vasari retracera la théorie des grands mécènes, parmi lesquels il fait figurer le roi de Hongrie Matthias Corvin. Or, une exposition présentée en ce moment même à San Marco de Florence (dans le cadre de l'année de la culture hongroise en Italie) illustre de façon spectaculaire les liens très étroits alors entretenus entre la péninsule italienne en général (et la cité des lys en particulier), et la capitale de Buda. Matthias attire à sa cour artistes, écrivains et intellectuels, mais il est aussi le commanditaire de séries de manuscrits somptueux préparés sur les bords de l'Arno: la nouvelle Bibliotheca Corviniana s'impose comme un véritable symbole de l’humanisme, et on sait que sa disparition à la suite des désordres survenus après la mort du roi (1490) et de l’invasion ottomane, aurait poussé Conrad Gesner à entreprendre ses monumentaux travaux de bibliographie rétrospective...
Ainsi, c’est à la Renaissance que se fonde d’abord le paradigme politique qui va en grande partie dominer toute l’Europe moderne, et que nous avons désigné comme celui du baroque. Victor L. Tapié s'interrogeait:
«Au-delà des évidentes différences [entre les formes d'art du XVIIe siècle], n'existerait-il pas des sources communes et des affinités cachées? N'y aurait-il pas là deux expressions d'une même civilisation ou, pour être encore plus précis, deux styles qui répondent peut-être à des sensibilités différentes, mais [qui] traduiraient l'un comme l'autre l'esprit d'une même société (1)»?
Le retour à l'antique se trouvera réanimé à l’époque de la «seconde Renaissance», la Renaissance du néo-classique et de Bodoni, mais alors même que la conjoncture politique et économique change de plus en plus profondément. C’est, bientôt, le temps d'une nouvelle révolution du livre et des médias, par rapport à laquelle l’économie du livre de cour qui était celle d’un Bodoni paraît de plus en plus en décalage –de fait, elle va disparaître à court terme, avec la dislocation de l'Europe napoléonienne, et la mort du maître imprimeur lui-même.

(1) Victor L. Tapié, Baroque et clacissime, 1ère éd., Paris, Plon, 1957, p. 12. 

mercredi 13 novembre 2013

Conférence d'histoire du livre

École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre

Lundi 18 novembre 2013
16h-18h
Ouverture de la conférence

À propos de l’Histoire des bibliothèques (Paris, 2013),
par
Monsieur Frédéric Barbier,directeur d'études
Discutant
Monsieur Yann Sordet,
conservateur en chef, directeur de la Bibliothèque Mazarine

A la bibliothèque d'Albi
Le directeur d'études se tiendra à partir de 14h30 dans le Cabinet des directeurs d'études, à la disposition des étudiants et des auditeurs qui souhaitent le rencontrer.
Nota: La conférence d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h. Pendant la fermeture de la Sorbonne, la conférence a lieu au 190 avenue de France, 75013 Paris (1er étage). Le secrétariat de la IVe Section se situe dans les mêmes locaux, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2013-2014. Accès les plus proches (250 m. à pied): Métro: ligne 6 (Nation-Pte Dauphine), station Quai de la Gare. Bus 89, arrêt Quai de la Gare (cette ligne dessert notamment la Gare Montparnasse, puis elle passe rue de Rennes et place du Luxembourg). Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).

Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).

lundi 11 novembre 2013

Congrès scientifique sur Bodoni

Le 11 novembre n'est pas marqué par la seule commémoration, du moins dans un certain nombre d'Etats, de la fin de la Première Guerre mondiale. Nous publions en effet aujourd'hui 11 novembre (et le fait pourrait aussi être analysé comme une sorte de profession de foi dans l'Europe de l'avenir) l'annonce d'un congrès organisé à l’occasion du deuxième centenaire de la disparition du célèbre typographe, fondeur et graveur de caractères Giambattista Bodoni.

DIVINA PROPORZIONE
BODONI DOPO DUECENTO ANNI (1813-2013)
Bologna 14-15 novembre 2013
Biblioteca di Arte e storia di San Giorgio in Poggiale
Via Nazario Sauro 20/c 

Programma
Giovedì 14 novembre 

ore 15,00 Apertura del Convegno
ore 15,30-19,00
Bodoni, tra classicismo ed esotismo
Presiede Daniela Gallingani 
Intervengono:
Melinda Simon, Le marche tipografiche tra Illuminismo e neoclassicismo (Szeged)
Raphaële Mouren, Bodoni et la typographie grecque (London)
James Mosley, Bodoni and Neo-classicism in typography: some new views (London)
Nikolaus Weichselbaumer, Bodoni influence on German typography: the Prussian royal printer Georg Jacob Decker (Erlangen)

Venerdì 15 novembre
ore 9,30-13,00
La bibliofilia bodoniana
Presiede Rosaria Campioni
Intervengono:
Frédéric Barbier, Bodoni, le baroque et la civilisation de cour (Paris)
Pedro Cátedra, Bodoni sulla tipografia spagnola (Salamanca)
Andrea De Pasquale, Le collezioni di Bodoni in Italia (Milano)
Anna Manfron, Bodoni all’Archiginnasio (Bologna)
István Monok, Bodoni et la typographie en Hongrie (Szeged) 

ore 14,30-18,30
La tradizione di Bodoni
Presiede Andrea De Pasquale
Intervengono:
Massimo Dradi, Il carattere di Bodoni nel Novecento italiano (Milano)
Enrico Tallone, L’estetica bodoniana e le edizioni Tallone (Torino)
Franco Maria Ricci, Collezionare Bodoni oggi (Parma)
Linda Gil, Beaumarchais héritier de Baskerville: de Birmingham à Kehl (Paris)

samedi 2 novembre 2013

Un manuel sur Gutenberg

Nous parlions, il y a déjà quelque temps, de l’organisation des études d’histoire du livre en Allemagne, et de la fondation de chaires universitaires de «sciences du livre» –à Leipzig, Munich, Erlangen et Mayence. Le titulaire de la chaire Gutenberg à Mayence est depuis 1992 Stephan Füssel, en même temps rédacteur en chef de la revue de référence Gutenberg Jahrbuch. Stephan Füssel avait consacré sa thèse d’habilitation à Georg Joachim Göschen, l’un des principaux libraires éditeurs de la période charnière de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Or, l’année 2013 voit la réédition du Johannes Gutenberg de Füssel, dans l’agréable collection de poche dite «Rororo». Un petit mot permettra d'expliciter ce titre d'apparence quelque peu surprenante. Après la Seconde Guerre mondiale en effet, les principaux éditeurs généralement installés à Leipzig se replient vers l’ouest. C’est le cas de Rowohlt, qui fonde à Hambourg le périodique Story, dans lequel il publie notamment des romans en feuilletons (1946). Quatre ans plus tard, c’est le lancement, sur le modèle américain, de la première collection de livres de poche en Allemagne, les Rohwolt Rotations Romane, alias Rororo. Le premier titre de la série est Kleiner Mann, was nun? de Hans Falada, un roman déjà donné par Rowohlt en 1932, publié en français dès l’année suivante (Et puis après?), et traitant de l’odyssée d’un jeune couple à l’ère de la crise économique dans la République de Weimar.
La collection Rororo est un succès immédiat, un million d’exemplaires des différents titres proposés sont écoulés dès la première année, et le catalogue s’élève aujourd’hui à 16000 titres, dans plusieurs séries romans, encyclopédies, monographies, etc. Le Johannes Gutenberg de Füssel prend rang dans cette dernière série.
La première caractéristique qui saute aux yeux avec ces petits volumes (le format est le même que celui de la collection «Que sais-je?») réside dans leur très belle présentation matérielle: couverture en couleurs, papier de qualité, bonne typographie, très nombreuses illustrations, souvent  en couleurs.
Mais le plus intéressant est évidemment dans le contenu, qui fait du Gutenberg de Füssel un véritable ouvrage de références. La présentation est chronologique, en deux grandes parties: d’abord, la vie de l’inventeur et sa production, en très courts chapitres qui peuvent constituer autant de notices (par ex., sur la «Bible de Burgos» ou encore sur le «Livre de modèles» (Musterbuch) de Göttingen. Les chapitres qui suivent cette manière de bio-bibliographie tracent un tableau suggestif des prolongements et des conséquences de l’invention de la typographie en caractères mobiles à court et à moyen terme: l’atelier de Fust et Schöffer, la diffusion de l’imprimerie, l’humanisme et l’imprimerie, l’imprimerie et la Réforme, etc. La conclusion, en quatre pages, offre un coup d’œil rétrospectif sur le «temps de Gutenberg», soit les années 1400-2000, cette dernière date se justifiant par la désignation de Gutenberg comme «l’homme du millénaire» en l’an 2000.
L’ouvrage se referme avec les notes (p. 136-138); les «témoignages» (Zeugnisse: il s’agit d’une série de précieux extraits, traduits en allemand, et relatifs à l’invention de l’imprimerie, depuis la célèbre lettre de Piccolomini en 1455); une liste des exemplaires conservés de la Bible à 42 lignes et des exemplaires numérisés disponibles en ligne; une liste des principaux imprimeurs ayant exercé jusqu’à aujourd’hui (avouons qu’étant donnée sa brièveté, nous n’en voyons pas l’absolue nécessité); une chronologie de l’établissement de l’imprimerie dans un certain nombre de villes et de pays jusqu’au XIXe siècle; la carte des grands centres d’imprimerie au XVe siècle (1); une chronologie des principales inventions dans la branche; enfin, une orientation bibliographique (pratiquement limitée aux titres en allemand).
On ne peut qu’être frappé par la qualité de l’ensemble: un texte qui correspond aux standards de la recherche universitaire tout en restant facile d’accès, et un choix judicieux d’illustrations elles-mêmes accompagnées de leurs références. En définitive, un petit volume très agréable, et qui montre que le choix du poche et d’une politique de bas prix (en l’occurrence, 8,99 euros) n'est pas antinomique avec la qualité au niveau tant du contenu que de la forme. Une démonstration comme quoi le poche et le grand tirage ne sont pas nécessairement synonymes de culture dite «populaire», voire de l'objectif de fournir un «livre pour tous». Et, même si le marché du livre germanophone n'est pas plus important que celui du livre francophone, nous ne connaissons pas d'expérience comparable de ce côté-ci du Rhin.

(1) La présentation cartographique la plus exhaustive reste celle donnée par Philippe Nieto, « Géographie des impressions européennes du XVe siècle », dans Le Berceau du livre: autour des incunables. Études et essais offerts au Professeur Pierre Aquilon par ses élèves, ses collègues et ses amis, dir. Frédéric Barbier, Genève, Librairie Droz, 2003, p. 125-174, cartes, ill. (Revue française d’histoire du livre, 118-121).
 
Stephan Füssel, Johannes Gutenberg, 5e éd. revue et augm., Reinbeck, Rohwolt Taschenbuch Verlag, 2013, 159 p., ill. (1ère éd., 1999).